Atelier Bardill, Scharans

Face à sa maison, Bardill avait réussi à acheter une ancienne étable – selon la loi sur les constructions, un nouveau bâtiment de remplacement devait reproduire ce volume à l’identique. Valerio Olgiati a réalisé un couronnement continu des murs en béton teinté en brunrouge. La façade arrière et celle donnant sur la place du village se présentent comme des pignons. 

L’ouverture principale est incarnée par le percement rectangulaire de grande taille réalisé dans la façade principale orientée sur la place du village. Ce dernier ne s’oriente pas seulement sur l’espace public, mais révèle également en contre-champ la conception de la nouvelle construction. Ce qui, de l’extérieur, donne l’impression d’être monolithique et implanté là pour l’éternité n’est en fin de compte pas une maison, mais un vaste volume creux ou l’équivalent d’une cour ceinte de murs. Les pignons s’élèvent sans la moindre fonction, puisque le bâtiment ne possède pas de toit. Et en lieu et place d’un plancher séparant l’étage d’habitation du grenier, Olgiati a créé une dalle en béton – également teintée en rouge –, percée d’une vaste ouverture de forme elliptique. Sur la façade nord, se situe le studio dont rêvait Bardill.

Le jury a été fasciné par le fait que le atelier de Bardill puisse être perçu aussi bien comme studio intime qu’en tant que bâtiment culturel. La monumentalité du volume est tempérée et différenciée par trois décisions conceptuelles. La première porte sur le concept spatial de l’atrium sans maison et des pignons sans toit. La deuxième vise à une atténuation de la monumentalité par la coloration du matériau: Grâce à des pigments et à l’incorporation complémentaire de poudre de pierre, Olgiati obtient une teinte vigoureuse, chtonienne, qui réussit à intégrer le volume dans la gamme des teintes du lieu. Les ornements en relief qui recouvrent la surface du béton, enfin, contribuent de manière décisive à l’effet de ce bâtiment monochrome et monolithique, tout en relativisant le geste monumental.