Centre des visiteurs des gorges de Viamala, Thusis

Un tunnel, un pont, des roches abruptes auxquelles s’accrochent des sapins, puis, déjà à moitié dans la courbe suivante, une maison, comme celles que dessinent les enfants, avec des murs opportunément bas et un grand toit, qui promet abri et protection. Mais cette maison est aussi tout en longueur et suit la route avec un coude, lequel serait plutôt une galerie, rejetant la neige et les chutes de pierres de la chaussée, tel que celle devant le tunnel que l’on quitte justement. Mais tout se transforme inopinément en un corps massif et énigmatique, qui subitement s’interrompt dans la profondeur, pour, un peu plus tard lors d’un regard en arrière, révéler sa nature de coquille protectrice s’accrochant sur l’ancienne muraille. Avec un minimum de moyens, le bâtiment incarne précisément sa mission. En tant que maison, il est lieu, attraction et point de vue. Mais il est aussi et avant tout un portail et un passage, son véritable but étant bien, bien plus profond, campé dans l’obscurité de la gorge. L’office du tourisme de Thusis construisit en 1903 un petit kiosque à cet emplacement dramatique, ainsi qu’un chemin menant vers le bas, pour opposer sa propre attraction à la nouvelle ligne ferroviaire de l’Albula. 287 marches mènent à une semi-galerie au-dessus de la rivière. Ici, la proximité de l’immense falaise est palpable et la vue, somptueuse, s’ouvre sur l’eau calme et lisse dans laquelle le ciel ne se reflète plus qu’à peine. Dans les années 60, des marmites glaciaires ont été de surcroît découvertes et rendues accessibles au public. C’est ainsi qu’un nouveau point de vue qui met la route en avant et fait œuvre de pionnier touristique a été conquis. Dans la Viamala, ce n’est pas seulement le monument naturel qui fascine, mais aussi la culture et, encore davantage, le lien qu’ils entretiennent ensemble. La gorge est un paysage culturel densément rempli, auquel s’ajoute le nouveau centre des visiteurs. Il se dresse sur les fondations des anciens murs de protection, qu’il sécurise tout en leur donnant une nouvelle signification. Il est une nouvelle porte pour le vieux chemin des profondeurs et se cramponne à la route existante, même là où il dissimule sa proximité afin que les yeux tout comme les oreilles se concentrent sur la gorge. Et puis il est une maison, et comme telle, il est une invitation à séjourner avec les choses qui font de cet endroit ce qu’il est, même si ce n’est que pour un court instant.

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