De beaux et vieux platanes marquent l’Erlenstrasse de leur présence. Tout comme le bruit de la voie ferrée, de la route principale et de l’autoroute. C’est pourquoi l’une des tâches assumée par la rangée de maisons construites ici est de protéger le nouveau quartier Erlenmatt contre ces fortes nuisances. La volumétrie était largement prédéterminée en raison du plan de développement urbain. Le programme mixte comportant différents types d’appartements, de bureaux et de locaux commerciaux devait être réalisé dans un bâtiment très profond avec une aile vers la cour. L’édifice répond à cette exigence par une approche classique de l’architecture urbaine: une façade de pierre s’adresse à l’espace public de la rue et masque la maison, qui se développe à l’arrière dans une certaine liberté. Le côté cour et la maison arrière ont été exécutés en bois, tandis que la façade est en béton de couleur rouge, rappelant celui du grès bigarré couramment utilisé localement dans les bâtiments représentatifs. Dans sa dureté, elle donne un visage à la fonction protectrice. En raison de son implantation périurbaine, elle ne doit pas compter sur un espace citadin très animé. La vie, en revanche, se montre à l’intérieur, par les grandes ouvertures vitrées, surprenante dans sa richesse. La façade est tout autant lisse à l’extérieure que profondément développée vers l’intérieur, où elle se prolonge dans une cour à l’agencement différencié. Deux cages d’escalier sont reliées parallèlement à la rue par une coursive, à partir de laquelle les terrasses s’étendent jusqu’aux entrées des appartements. Leur cintrage distingue une zone intermédiaire assignée à deux ménages et qui jouxte l’accès commun d’un espace de vie. Dans le même temps, trois espaces de cours concaves sont formés, ou deux bouleaux et un centre vide nouent les trois parties en une unité. Par un jeu audacieux d’ouverture et de fermeture, de communautaire et d’intimité, le mur intérieur de la coursive joue un rôle décisif. Au premier étage, il s’ouvre sur les cours, dans lesquelles s’étendent les bureaux. Bien au-dessus, en revanche, l’espace se calme en une paroi fermée qui reflète la lumière de l’après-midi. Sa dureté est brisée par des ouvertures ornementales. Leur motif végétal rappelle la proximité de la France, se lie aux feuilles des arbres de la cour et de la rue tout en distillant un jeu d’ombres et de lumières dans le couloir d’accès.