Entre la cave de l’ancienne polyclinique et les falaises sous le Champ de l’Air, deux auditoriums et leurs foyers ont été intégrés
dans un monde minéral souterrain. Cette possibilité avait déjà été envisagée lors de la transformation du bâtiment de la rue du Dr César-Roux en une école des métiers de la santé. Elle a été cependant réalisée au service de l’Université, qui reçut ainsi des salles destinées aux études médicales et de biologie à la proximité immédiate du CHUV, l’hôpital cantonal trônant sur la falaise. Ceci est d’autant plus judicieux qu’à moyen terme, l’ensemble du site sera repris par le CHUV. Les conditions exiguës, mais aussi le plafond budgétaire forcèrent à construire le plus simplement possible et à se passer de tout ce qui n’était pas indispensable. L’architecture est ainsi complètement imprégnée par le gros oeuvre et en tire une grande expressivité. Malgré cela, les foyers, les auditoriums et l’entrée reçurent chacun leur propre caractère, de sorte que, dans un espace extrêmement serré, émergèrent une suite de pièces très vivantes, réunies par la matérialité minérale, la lumière artificielle et leur situation souterraine manifeste. L’entrée dans l’étroite arrière-cour imite un pavillon d’infrastructure qui serait blotti contre la paroi massive de l’ancienne carrière, elle-même stabilisée par divers ancrages et murs de soutènement. Le chemin la longe dans sa profondeur et met en scène la jonction entre la roche et la construction. Anciennes et nouvelles têtes d’ancrages témoignent de l’effort déployé par les ingénieurs pour sécuriser la spectaculaire fosse d’excavation. La roche évidée et le non moins puissant béton, qu’on a façonné avec virtuosité, sont striés toujours plus parcimonieusement par la lumière du jour, que vient compléter et remplacer progressivement la lumière artificielle. On sent l’humidité fraîche du souterrain. Les auditoriums, quant à eux, sont construits à la manière de paisibles fûts acoustiques moulés dans le béton. Les surfaces, légèrement inclinées, incurvées et parées de différentes textures, modulent le son de sorte que l’intelligibilité reste bonne sans amplification, même lorsque l’on parle face aux murs. Quant à la plasticité et aux proportions trapues de ces pièces, elles suggèrent celles d’une grotte. Les halls latéraux et leurs hautes colonnes leur opposent un contraste efficace. De vigoureux tons de verts viennent compléter le monde minéral du souterrain par une touche ludique.